UX designer, personne ne comprend mon métier

UX designer, personne ne comprend mon métier

UX designer, personne ne comprend mon métier 8001 3999 Wedo studios

Et voilà, encore un dîner de famille où, comme d’habitude, on va me demander ce que je fais dans la vie. Je vais être forcé de répondre, et, comme toujours, mon audience va devoir essayer de comprendre ce que je leur raconte.

Eh oui, je suis UX designer !

Designer UX : expliquer ce qu’on fait vs expliquer en quoi c’est du design

par César Beuve-Méry, UX designer chez Wedo studios.

L’empathie, c’est normalement la première compétence des designers, donc j’essaie de me mettre à leur place.  C’est vrai qu’il est difficile de comprendre ce que fait exactement un designer. 

Et franchement, même pour moi parfois c’est confus. En discutant avec d’autres designers, je vois bien que je ne suis pas le seul. Loin de là.

L’ère du numérique a énormément diversifié et étendu le domaine du design, dont les champs d’application sont de plus en plus répandus.

Il existe des designers de produits, d’espace, des designers graphiques, des webdesigners, des motion designers, des designers UX, des designers UI (et leurs descendants hybrides : les designers UX/UI), des designers d’interactions, de service, etc.

Surtout que maintenant, quand on parle de produit, on entend aussi bien des objets physiques que des objets numériques. Comme être designer UX au sein de la feature team d’une équipe produit.  

Cependant, la plupart des gens ne parlent pas de “produits numériques” ou de “produits digitaux”.

“Ce qui crée de la confusion c’est le mot ‘designer’, c’est un mot qui est compris par la majorité des gens comme étant en rapport avec les objets et l’esthétisme.”

Mon père, 57 ans

Iceberg dont la partie émergée symbolise les métiers "connus" du design et la partie immergée représente les métiers du design moins connus.

L’apparition du mot “design” dans un nombre croissant d’appellations (design thinking, design fiction, design de politiques publiques, narrative design, design produit, word design) n’aide pas à s’y retrouver.

Même en tant que designer, il est difficile d’expliquer toutes ces nuances.

D’après mon père, “ce qui crée de la confusion c’est le mot designer, c’est un mot qui est compris par la majorité des gens comme étant en rapport avec les objets et l’esthétisme.”

Particulièrement pour les générations qui nous précèdent, le mot “design” est associé à seulement une partie des pratiques et des métiers. Elles pensent design de voiture, d’objets, d’intérieur ou à la limite design de mode.

Au-delà du nom qui désigne la discipline, le mot “design” est aussi entré dans le langage commun en tant qu’adjectif décrivant une esthétique.

On parle de lampe “design”, de meuble “design”, de décoration “design”, au même titre que d’autres pléonasmes descriptifs comme la fameuse “maison d’architecte” et autres “chaussures/sacs de créateur·rice » (ou “de designer” d’ailleurs).

« Design (anglicisme), adjectif invariable : D’un modernisme fonctionnel sur le plan esthétique. »

Larousse

Designer, ça n’existe pas.

La vérité c’est que plus personne n’est “designer” tout court.

C’est un diminutif pour une ou plusieurs spécialisations, voire des niveaux de spécialisation. Par exemple, certain·e·s designers graphiques sont strictement des typographes (conçoivent seulement des typographies) ou strictement des logotypers (créateur·rice·s de logos). Rien n’empêche d’être les deux, ni d’être également designer industriel ou d’espace.

Il y a d’ailleurs beaucoup d’exemples célèbres :

    • Roger Tallon est designer industriel, d’espace mais aussi graphique
    • Charlotte Perriand est architecte, designer d’espace et designer industrielle
    • Kenya Hara est designer graphique, d’objets, d’expériences…

Mais être designer ne veut pas dire qu’on sait tout faire. Par exemple, être motion designer ne signifie pas qu’on est compétent pour faire de la scénographie. Et dire qu’on est « designer » tout court ne suffit pas à illustrer tout ce qu’on fait et ce qu’on ne fait pas.

Mouton à cinq pattes

“On m’a déjà contacté pour des travaux de rénovations d’intérieur lorsque j’étais en freelance.”

Milla, designer graphique

Je pense que beaucoup de designers s’en sortent grâce à des exemples. Décrire concrètement un projet, un client ou un livrable sans jargon, ça permet aux interlocuteur·rice·s de mieux situer ce qu’on fait.

Dialogue: un UX designer tente d'expliquer son métier. Avec du jargon, la personne en face ne comprend pas. Avec un exemple concret, elle comprend.

L’UX : “En quoi c’est du design ?”

Déjà c’est quoi l’UX ?

De l’anglais User Experience, l’Expérience Utilisateur c’est l’expérience vécue par les utilisateurs-rices d’une interface numérique, d’un appareil, d’un service ou même d’un lieu.

En fait, l’UX c’est évaluer, créer, construire en tenant compte des perceptions, de la satisfaction, de la confiance ou encore de la frustration ressentie lors de l’utilisation d’un produit numérique ou physique.

Du coup en UX, on n’est pas tou·te·s designers !

“Pour moi, le designer a forcément un élément de création, je ne comprenais pas où cela se situait dans ton métier.”

Ma grand-mère, 83 ans.

Les différents métiers du design

Je vous ai perdu·e ? En fait c’est facile :

L’UX designer

L’objectif de l’UX designer est de comprendre les besoins des utilisateurs·rices afin de concevoir une plateforme ou un service ergonomique, intuitif et rapide.

Sa mission est de créer ou d’imaginer des parcours utilisateurs·rices. Que ce soit pour une application, un site web, un service (comme l’achat de billets de train en gare) ou un logiciel.

L’UI designer

L’UI designer est spécialiste des interfaces, de leur aspect, de leur ergonomie. Il·elle choisit les typographies, les couleurs, les éléments graphiques et/ou textuels pour rendre la navigation compréhensible et visuellement attractive.

L’UX writer

En complément de l’UX designer et de l’UI designer, l’UX writer crée le contenu textuel d’une interface numérique. Il·elle prend en compte l’expérience et le bien-être des utilisateurs·rices pour concevoir des textes qui facilitent leur parcours et leur compréhension de l’interface.

L’UX researcher

À travers différentes méthodes (observation, entretiens, tests, etc.) l’UX researcher s’occupe d’analyser, de comprendre des utilisateurs·rices cibles. Les informations recueillies permettront, par la suite, de concevoir des produits digitaux ou physiques adaptés aux habitudes, aux besoins ou encore aux contraintes des personnes visées.

Le Sprint master

Le Design Sprint est un processus de généralement 5 jours durant lequel une équipe pluridisciplinaire va explorer, prototyper et tester des idées de projets.

Le Sprint master est donc la personne chargée d’animer ce « séminaire ». Elle s’occupe de préparer les sessions, de regrouper l’équipe, d’identifier les défis à relever ou les projets sur lesquels travailler. Le sprint master a un rôle de préparateur, de médiateur, de facilitateur.

Le product owner

Le product owner est un genre de chef de projets numériques (sites, applications, logiciels). Son travail est de faire le lien entre l’entreprise (objectifs commerciaux, temps et budgets impartis) et les utilisateurs (habitudes, besoins, contraintes…).

Le consultant UX

Le consultant UX fait un peu de tout. Il-elle se sert des méthodologies de l’UX research pour détecter les limites d’une interface digitale donnée. Il·elle rencontre les équipes commerciales et étudie leurs objectifs et leurs contraintes.

Enfin, il·elle fait en sorte d’améliorer l’expérience des utilisateurs·rices notamment en formant le personnel et/ou en proposant des changements en termes d’UX design.

Et le designer de service dans tout ça ?

La nuance avec l’UX designer semble dépendre selon les profils, les agences et les pays. En France, on rattache beaucoup l’UX design au numérique.

C’est vrai que le service design s’est démocratisé au moment de l’avènement du numérique et de l’explosion des services numériques. Mais dans les pays anglo-saxons, le design de service est préexistant au numérique, il ne concerne pas spécifiquement des interfaces.

Chez Wedo studios, on a fait le test en interne

On a demandé à notre équipe de placer les métiers du design sur un plan, de déplacer des post-its en fonction du domaine auquel les compétences appartiennent, de faire des flèches…

Et bien personne n’est tombé complètement d’accord. En fait, il est très difficile de faire rentrer les métiers de l’UX et du design dans des catégories fermées.

En fonction de l’entreprise mais aussi des produits, on peut se retrouver à effectuer des tâches normalement destinées à d’autres métiers.

Par exemple, un UX designer peut très bien faire de l’UX research avant de proposer la maquette d’un produit. Tout comme un UI designer peut également s’occuper du contenu textuel de l’interface sur laquelle il travaille.

Finalement, ce que tou·te·s les designers ont en commun, outre des compétences techniques, c’est une intention véhiculée par une pratique et traduite dans leurs livrables.

Dans leurs logos, leurs espaces, leurs objets, leurs posters ou leurs vidéos, dans les expériences qu’ils et elles créent, les designers ne décorent pas, ne sculptent pas, ne dessinent pas. Ils et elles font un peu tout ça. Mais surtout, les designers donnent une orientation, un dessein, une vision.