L’UX des musées : L’exposition Shiny Gold
Poursuivons notre exploration du spectaculaire muséal avec l’exposition Shiny Gold de l’artiste Nelly Ben Hayoun-Stépanian.
L’exposition temporaire, qui s’est tenue au mois d’octobre à la Gaîté Lyrique, nous a attiré pour sa dominante dorée en hommage au soleil et à l’or. Composée de plusieurs sculptures gonflables invitant à l’interaction, Shiny Gold était le terrain parfait pour observer le parcours visiteur en 2022.
Shiny Gold, l’interaction ludique
Avant même d’entrer dans la salle d’exposition, il nous a été demandé d’enlever nos chaussures, une action qui initie l’immersion tout en imposant déjà une forme d’interaction entre les visiteur·euse·s et l’œuvre.
Il était possible de toucher la majorité des éléments de l’exposition, à l’exception des champignons. Si le geste est d’abord timide – on touche les sculptures du bout des doigts – il devient rapidement plus franc et ludique.
De la surface d’exposition à l’aire de jeu
Sans aucune signalétique de parcours, les visiteur·euse·s sont libres d’aller et venir et d’interagir avec les œuvres selon leurs envies. L’exposition devient alors un véritable lieu de divertissement et d’échanges.
S’allonger dans la piscine à balles, traverser le tunnel intestin le plus vite possible, se poser sur le sol doré, discuter sous les tentacules du poulpe… sont autant d’interactions auxquelles nous avons assisté lors de notre visite.
Les différents éléments de l’exposition Shiny Gold
L’image conversationnelle sur Instagram
La présence du téléphone est omniprésente lors de l’exposition :
- Pour scanner le QR code à l’entrée qui permet d’avoir des informations sur l’exposition et l’artiste : à part un panneau peu visible à l’entrée et la présence de 2 médiateurs, il n’y a pas d’indications sur le symbolisme des sculptures.
- Pour prendre des photos, évidemment : avec son ambiance dorée, ses lumières colorées et ses œuvres immersives, l’exposition Shiny Gold était le terrain parfait pour les “shootings” Instagram.
Les visiteur·euse·s n’hésitent pas à poser avec les œuvres : entre les tentacules du poulpe, les bras englobant le soleil, la tête dans la piscine à balles, etc. C’est une étape de plus où les visiteur·euse·s font partie intégrante de l’œuvre et sont autorisé·e·s à se l’approprier à l’envie.
L’exposition Shiny Gold sur Instagram et TikTok
Une attractivité qui menace l’expérience de visite ?
Si nous avons pris un grand plaisir à nous plonger dans l’univers de l’artiste, à se laisser emporter par le ludique de l’exposition et le jeu photographique, nous avons eu la chance d’en profiter à un moment de faible affluence. Interrogés sur le sujet, le personnel de l’expo nous a confié que les jours de week-ends, l’exposition fait salle comble et l’attente peut s’avérer longue.
Côté visiteur, la recherche de l’instagrammable scénarisée par l’espace d’exposition pourrait parfois se faire au détriment de confort de visite. De nombreuses expositions, extrêmement populaires sur les réseaux sociaux, ont pu s’ avérer décevantes pour les visiteur·euse·s, rattrapé.e.s par les aléas du réel : affluence importante, temps d’attente, manque de réelle interactivité avec les œuvres.
Quel serait alors le parti pris des musées, la politique du nombre l’emporterait-elle ?
La recherche du confort de visite, pourrait notamment dans les grandes capitales culturelles, devenir un enjeu à part entière à la conception des expositions.